Critique Aux yeux des vivants

Maury&Bustillo sont les seuls résistants en France de cinéaste ayant seulement envie de faire des films d’épouvantes et d’horreurs. Pour ainsi dire, la France est un pays mort pour ce genre de cinéma. Les essais faits au milieu des années 2000...
Verdict
Un très bon moment en perspective.
Critique du Film
Après leurs travaux sur le craspec À l’intérieur puis sur le fantastique Livide, la paire Maury/Bustillo sont parties en escapade aux USA. Une expérience malheureuse ou pas, car après leurs travaux inaboutis sur le remake Hellraiser et leur participation vaine aux Halloween 2, ils reviennent en France avec un début de script pas encore intitulé Aux yeux des vivants.
Maury&Bustillo sont les seuls résistants en France de cinéaste ayant seulement envie de faire des films d’épouvantes et d’horreurs. Pour ainsi dire, la France est un pays mort pour ce genre de cinéma. Les essais faits au milieu des années 2000 sont restés vains (Ils, Haute tension, Martyrs), les réalisateurs, pour certains, se sont réfugiés aux US ou ont vendu leurs âmes aux pontes de la comédie franchouillarde.
Projet financé par le biais "touscoprod", un des multiples moyens de crownfounding et produit par Metaluna Productions, Aux yeux des vivants se voudra alors peut-être notre seule gourmandise horrifique française pendant un bon moment. Lors de la projection, on a taché de bien en profiter. Car outre le fait d’être seul, le film des deux français est surtout bon.
La position des réalisateurs est prise de se mettre au niveau de John Carpenter ou Wes Craven
Malgré une introduction se souhaitant avant tout choc, le début se montre involontairement brouillon. Sorte de resucée de À l’intérieur, les premières minutes ne convainquent pas. Béatrice Dalle et Francis Renaud semblent hésitants, et la présentation des faits se montre superficielle. En dépit de ses petits défauts, l’ambiance monte progressivement. Le film attise notre curiosité et finalement on ne sera pas déçu.
Aux yeux des vivants ne sera pas un film gore. L’intention n’est jamais là. Le but est la liberté de ton, cette conviction de faire du cinéma libre et ouvert. La position des réalisateurs est prise de se mettre au niveau de John Carpenter ou Wes Craven à leurs débuts. Ainsi, on se retrouvera à penser à Halloween dans certains plans, mais surtout à La colline à des yeux pendant tout le long. De ces références pertinentes, Maury&Butillo vont avoir le culot d’injecter dans leur film une approche narrative tel un Stephen King s’est fait le spécialiste. À travers Aux yeux des vivants, Stand by me n’est jamais trop loin.
Jamais on n’aurait pensé qu’un film si culotté aurait vu le jour.
En effet, la deuxième partie s’évapore doucement à prendre comme héros dramaturgique un trio de gosse mal dans leurs peaux, adeptes (eux aussi) d’une envie de liberté. Amateurs des 400 coups comme tout gamin, les trois héros vont faire l’école buissonnière, ce qui les amènera à faire face aux péripéties, mais surtout au boogeyman flippant du film. Renvoyant directement aux Teenage Movie des années 80, l’histoire d’ Aux yeux des vivants apparait comme des plus simples. Construit essentiellement sur les clichés de l’époque croisés avec ceux des slashers, on suit Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, s’évadant dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants. La nuit tombe. De retour chez eux, les adolescents ne tarderont pas à s’apercevoir que quelque chose les a suivis et que la nuit risque d’être l’une des plus longues de leur vie.
Malgré quelques incohérences narratives laissant perplexes un moment (comment Klarence retrouve-t-il les mômes ?), le long-métrage prend une nouvelle tournure lors de son 3éme acte. Les trois enfants ramenés par les gendarmes suite à leurs virées sont tous rentrés chez eux. C’est alors que les deux metteurs en scène décident de confronter de jeunes enfants à un boogeyman fantasmagorique. Le mariage de cette nouvelle partie entre Stephen King et Wes Creven se veut optimal. On est crispés sur le fauteuil, souhaitant tout au long des interminables minutes que rien n’arrive aux enfants. L’empathie est totale, l’émotion de voir ces gamins et surtout la dernière famille confrontée à ce monstre est poignante. Jamais on n’aurait pensé qu’un film si culotté aurait vu le jour. Après l’audace de leur À l’intérieur, les deux Français font une nouvelle fois preuve d’un aplomb bienvenu. Aux yeux des vivants ne nous évitent jamais les moments cruels, rendant les scènes dures, percutantes et dérangeantes. Constamment hors champ, le film trouble tout autant. Les destinées macabres marquent la mémoire et le final désespérant fait que l’on sort du film affecté et abasourdi.
Informations
Origine | France | Signalétique | Interdit aux moins de 12 ans |
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Catégorie | Film | Genre | Horreur - Epouvante |
Version | Cinéma | Durée | 95 ' |
Sortie | 30/04/2014 | Reprise | - |
Réalisateur | Alexandre Bustillo - Julien Maury | Compositeur | Raphael Gesqua |
Casting | Nicolas Giraud - Francis Renaud - Anne Marivin - Theo Fernandez - Zacharie Chasseriaud - Damien Ferdel - Fabien Jegoudez - Chloé Coulloud - Béatrice Dalle | ||
Synopsis | Fuyant leur dernier jour d’école, Dan, Tom et Victor, trois adolescents inséparables, se perdent dans la campagne avant de s’engouffrer dans les méandres d’un studio de cinéma abandonné depuis des années. Un lieu décrépi devenu depuis le repère d’Isaac et Klarence Faucheur, un homme et son étrange fils, bien décidés à ne pas laisser le trio dévoiler leurs sombres secrets aux yeux des vivants. La nuit tombe. De retour chez eux, les adolescents ne tarderont pas à s’apercevoir que quelque chose les a suivis et que la nuit risque d’être l’une des plus longues de leur vie… |