Critique Demolition

L'histoire d'un homme qui détruit pour mieux se reconstruire, un sujet sur lequel Jean-Marc Vallée est à ses aises et qui doit beaucoup à la nouvelle prestation épatante de Jake Gyllenhaal.
Verdict
Intéressant dans son ensemble.
Critique du Film
Décidément Jean-Marc Vallée aime les histoires qui sentent bon le drame et la remise en question de l'existence de son personnage principal. Après Dallas Buyers Club et Wild, voilà donc Demolition. La différence entre cette dernière réalisation est qu'elle n'est pas inspirée d'une histoire vraie et c'est bizarrement la plus réussie. Demolition c'est donc l'histoire de Davis, travaillant dans la finance avec son beau-père qui voit son monde basculer à la mort de sa femme. Réagissant étrangement à cette mort (il pense qu'il n'aimait pas sa femme mais c'est bien évidemment plus complexe que ça), Davis délaisse peu à peu ce monde froid et cruel de la finance. Il se lance dans deux choses : l'écriture de lettres et la démolition. Les lettres, en l’occurrence sont destinées au service client d'une boîte de distributeurs automatiques alors qu'il fait une réclamation pour se faire rembourser de son paquet de M&M's et qu'il déballe ses sentiments au grand jour. Une sincérité qui bouleverse Karen, mère célibataire travaillant au service client, et qui décide de faire connaissance avec Davis. La démolition est quant à elle plus primaire et permet à Davis d'y voir plus clair. Le frigo qui fuit, une porte qui grince, tout y passe.
L'histoire d'un homme qui détruit pour mieux se reconstruire, un sujet sur lequel Jean-Marc Vallée est à ses aises et qui doit beaucoup à la nouvelle prestation épatante de Jake Gyllenhaal.
La grande qualité de Demolition est qu'il ne manque pas d'humour. C'est un film abordant de vastes sujets (l'amour, le deuil, la perte de repères), parfois un peu pompeux (surtout dans sa réalisation) mais qui est toujours d'une incroyable justesse. Délaissant l’impassibilité au profit d'émotions brutes et sincères, Davis est un personnage complexe comme on les aime, capable de faire des choses complètement décalées (ses scènes de danse en public sont déjà cultes) tout en restant à la portée de notre compréhension. Il faut dire que c'est Jake Gyllenhaal qui endosse le rôle, avec la justesse qu'on lui connaît et qui ne cesse d'évoluer au fil de sa carrière, déjà riches de prestations inoubliables (rien que Nightcall et La Rage au ventre sont là pour en témoigner). A ses côtés, c'est un plaisir de retrouver Naomi Watts dans un rôle de premier plan (elle était reléguée au second plan dans Birdman et n'est pas aidée par la saga Divergente), celui d'une femme à la vie émotionnelle aussi chamboulée que Davis et qui n'est pas aidée par la présence d'un ado difficile qui cherche sa sexualité (Judah Lewis, au talent et au visage qui ne sont pas sans faire penser à un jeune Leonardo DiCaprio).
C'est donc beaucoup de thèmes que brasse Demolition à travers ce portrait d'homme qui se détruit pour mieux se reconstruire et surtout laisser tomber tout ce qui a fait de lui l'homme froid et distant qu'il était lors de son mariage. Si le schéma narratif du film est très classique et que Jean-Marc Vallée aime à alourdir l'ensemble par son montage rapide parfois trop explicite, il faut bien avouer que Demolition fonctionne très bien. Le scénario ne manque pas de surprises, l'humour apporté pour traiter un sujet aussi grave est bien amené et les acteurs s'y donnent à fond. Difficile de rester insensible devant le charme qui se dégage de cette ode à la vie singulière et émouvante, quand bien même elle n'est pas toujours subtile.
Informations
Origine | Etats Unis | Signalétique | Tous Publics |
---|---|---|---|
Catégorie | Film | Genre | Drame |
Version | Cinéma | Durée | 101 ' |
Sortie | 06/04/2016 | Reprise | - |
Réalisateur | Jean-Marc Vallée | Compositeur | |
Casting | Jake Gyllenhaal - Naomi Watts - Chris Cooper - Heather Lind - Judah Lewis | ||
Synopsis | Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis a perdu le goût de vivre depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Un jour, il envoie une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques, puis lui adresse d'autres courriers où il livre des souvenirs personnels. Jusqu'au moment où sa correspondance attire l'attention de Karen, la responsable du service clients. Peu à peu, une relation se noue entre eux. Entre Karen et son fils de 15 ans, Davis se reconstruit, commençant d'abord par faire table rase de sa vie passée … |